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En parallèle de l’exposition لا عنوان, le correspond ne répond plus à cette adresse qui se tient à la galerie jusqu’au 08 novembre 2025, notre équipe est heureuse de proposer un programme d’OVR en rapport avec les thématiques qu’abordent l’exposition principale dont une sélection d’œuvres de Souad Abdelrasoul réalisées entre 2019 et 2024 dont certaines figurent dans l’exposition.

Souad Abdelrasoul développe une œuvre profondément ancrée dans la relation entre l’humain, la nature et le territoire. Dans cette série de portraits réalisés sur de vieilles cartes d’atlas, elle poursuit sa recherche sur la mémoire corporelle et la géographie intérieure, tissant un dialogue entre le visible et l’invisible. Les contours du monde deviennent la peau de ses sujets, et chaque ligne tracée par la main de l’artiste réactive les frontières d’un passé hérité.
Les cartes anciennes, support de ses compositions, ne sont pas de simples arrière-plans : elles agissent comme des palimpsestes de l’histoire. En choisissant ces fragments de papier porteurs d’une mémoire coloniale et scientifique, Abdelrasoul interroge la manière dont les corps, en particulier les corps féminins, sont inscrits dans des récits imposés. Peindre sur ces documents, c’est réécrire symboliquement l’histoire, replacer l’humain au cœur de territoires longtemps définis sans lui.
Chaque portrait est une rencontre entre l’intime et le géopolitique. Les visages, d’une grande douceur, semblent surgir des reliefs du monde, rappelant que la peau et la terre partagent une même vulnérabilité. Chez Abdelrasoul, les traits se confondent avec les rivières, les montagnes, les frontières : le corps devient carte, et la carte devient corps. Ce jeu de correspondances traduit une quête d’universalité, celle d’un être humain pris dans les flux de l’histoire et du déplacement.
Par ce geste, l’artiste réactive la fonction première de la carte : non pas celle de séparer, mais de relier. Ses portraits invitent à repenser la notion d’appartenance et à envisager le monde comme un organisme vivant, traversé de circulations et d’héritages communs. La peinture, dans sa matérialité, redonne souffle à ces surfaces oubliées, transformant le document en espace d’émotion.
En articulant archives et création, Souad Abdelrasoul propose une relecture poétique et politique de la géographie. Ses œuvres nous rappellent que le monde ne se lit pas seulement par ses contours, mais aussi par les visages qui l’habitent, ceux qui, silencieusement, en dessinent l’histoire.