Commentaire d’une Œuvre : Le cerCle sacré, Méné


 
 

Au centre de l’espace d’exposition, se dissimule de grands bois, dans une dynamique verticale. Entre les courbes et les lignes, quelque chose s’y cache et ne demande qu'à être révélé. Depuis le 24 septembre, OH Gallery présente la nouvelle exposition de l’artiste Méné, intitulée Sankofa, retour aux sources. Caché par d’épaisses branches, se déploie ainsi le cœur de l’installation du cercle sacré.

Les couleurs et les formes sont humbles, vibrantes et vraies. Elles se distinguent par le mouvement qu’elles apportent, par l'ascension énigmatique de leurs expressions. La nature et l’univers sont ainsi convoqués par l’installation, mais c’est aussi la prise de conscience et la remise en cause de la place et l’existence de chacun qui est ici questionnée.

Dans notre temps, il s’agit également d’en questionner à nouveau le centre. A l’heure où la technologie et l’interconnexion règnent, Méné invite les spectateurs à créer du lien avec l’histoire du monde et les éléments naturels.

La nature, l’univers au cœur des ténèbres

La nature se manifeste d’abord dans les matières et par le bois. Elle traduit un paysage, celui de mystérieuses forêts, à la fois accessibles et impénétrables, qui conserve l’essence même des mythes et des ressources accessibles à l’humanité. Méné joue sur une double dynamique : celle de conserver et de retranscrire le mystère de la nature et celle de la dévoiler, d’y apporter une lecture concrète et accessible à tous. Ces clés de compréhension, il les dévoile par le mouvement et l’émotion en choisissant de mettre chacun de nous face à ses souvenirs et son rapport tissé à la terre.

Les couleurs se font alors rappel du monde, les tons sable et marrons viennent invoquer la terre elle-même, les origines, le cocon de chaque racine. Le noir et le blanc sont également présents. Ils y représentent leurs sens primaires, à savoir, la lumière et les ténèbres, le commencement et la fin de toute chose.

 
 
 

Le retour aux sources, un retour à soi

De cette œuvre, la nature en est la première impulsion. Mais qu’en est-il de l’humain ? Ce sont les ethnies, les civilisations et l’identité que l’artiste choisit de questionner. Des regards à la fois collectifs et personnels qui côtoient l’intériorité des individus et leurs environnements.

Renouer avec son passé, ses origines est un message que porte Méné au travers de cette installation. C’est un appel à l’identité, qui est, par définition « ce qui sépare le soi du non-soi et le clôt sur lui-même.» Cette définition se compose à la fois d’éléments qui réunissent et qui distinguent une entité unique et autonome d’une autre.

Ainsi, savoir « qui je suis » traduit le besoin de se définir en tant qu’individu, sans pour autant être isolé de l’existence du groupe, de l’Autre. Saisir ses propres contours identitaires apparaît indispensable pour comprendre ce qui permet au groupe d’exister - étant donné que ce qui nous définit, en tant que personne unique et singulière, nous permet aussi de nous identifier à un ensemble. Chaque bois se compose de ses marques, de son histoire qui lui appartient. Que ce soit dans les couleurs ou les motifs symboliques, reflet de valeurs et de caractéristiques diverses, chaque entité de cette installation est unique, mais c’est pourtant bien le groupe, les traditions qui en découlent, qui ancrent leurs existences.

C’est ici que demeure l’analogie du bois à l’homme, de l’œuvre au monde : dans la construction de chacun, les différences et les similitudes coexistent. Elles sont constamment en tension, mises en permanence les unes face aux autres. Pour savoir ce qui fait groupe, pour connaître les valeurs qui nous rapprochent fondamentalement de l’Autre, la nécessité de construire son identité et de cerner son individualité est une évidence.

 

C’est un parcours de compréhension que l’artiste propose à l’ensemble du public. D’abord par l’action, en déambulant, en cherchant à percer le centre de l’installation dissimulé derrière un amas de branchages, mais aussi en s’interrogeant sur nos liens aux réels, au monde et surtout, à soi.


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