dreams are shadowless spaces

“Chaque chose est la perfection d’une certaine essence. Du moment qu’elle existe - je parle des choses naturelles et aussi des choses fabriquées - du moment qu’elle résiste à la désintégration et qu'elle tient, et bien elle représente, un espèce de complexe de qualités éminentes. Et son ensemble, c’est un type, c’est un modèle, c’est un dieu.”

PONGE Francis, Le parti pris des choses, 1962.    

OH Gallery vous dévoile une nouvelle exposition pleine de nuances, réunissant les artistes Amina Benbouchta et Gopal Dagnogo au sein d’un même espace. Une composition à quatre mains, sous forme de correspondances codées, s'anime autour d’une réflexion commune : celle de la poursuite des interstices du quotidien.

Dreams are shadowless spaces, qui en français se traduit par “Les rêves sont des espaces sans ombre” est une ode à l’espoir et aux rêves qui animent un individu dans son parcours de vie. La genèse de cette exposition est née d’un échange sur les parcours de vie entre les deux artistes, des choix et des chemins qui ont dû être tracés, transmis et parfois rompus pour chacun d’eux.

En mêlant leurs répertoires de formes, ils donnent naissance à un univers d’objets et de signes appelant à la résilience.

La touche est rapide, la présence des couleurs centrale. Elles guident le regard sur les objets, toujours disposés en évidence. La perspective ou son absence nous place dans l’espace de manière subtilement choisie,  au travers d’un prisme contemplatif.

Par la convocation d’objets du quotidien, les œuvres mettent en avant le sens réel des choses du quotidien porteurs d’une symbolique forte et sincère qui animent nos jours. Dans une répétition plastique, les assises se découpent continuellement et deviennent les réceptacles des traces de vie qui accompagnent espoirs et regrets. L’objet, sa forme, son histoire et sa disposition nous invitent à en imaginer le rythme. L’ironie est bien tangible : par son absence, l’humain prédomine.

Pour Amina Benbouchta, les choses domestiques et leurs vies mystérieuses sont présentées comme un inventaire. Elle y explore la présence infinie dans les limites finies de la matière. Se plaçant à la croisée de l’action de construire et son contraire.

Du côté de Gopal Dagnogo, les représentations de bêtes, isolées du troupeau, accentuent la solitude et le regard individualiste qui habitent nos habitudes. La vie quotidienne, entre ses mains, possède une fenêtre ouverte sur l’extérieur : consommation, politique, omniprésence médiatique viennent hanter les silences d’un espace clos voué à l’introspection. Malgré le chaos latent qui règne en maître, le silence s’impose au travers des différentes œuvres, plongeant l’ensemble des visiteurs dans un silence intense. 

Amina Benbouchta et Gopal Dagnogo se tournent ensemble vers leur passé et posent un constat intime sur des souvenirs vécus, des choix de vie, des héritages émotionnels et des épreuves traversées. Une question suspendue s'installe alors : Qui suis-je face à ce que j’ai pu être il y a dix ans déjà, mes rêves sont-ils toujours les mêmes ?

Aucune présence humaine ne vient pourtant s’emparer des espaces domestiques. Les œuvres se rapprochent du genre de la nature morte, et de celui de la vanité revisités par les deux plasticiens : elles laissent simplement percer le rythme de notre monde en transformant la futilité du quotidien en sanctuaire d’existences.