Situation de handicap mental au sénégal par nianga diouf


 

Félicité Codjo
Sans titre
2021
Technique mixte sur papier cartonné
59 x 42 cm

« La santé n’est pas seulement l’absence de la maladie. C’est une joie intérieure que nous devrions ressentir tout le temps, un état de bien-être positif » 

Deepak Chopra

Personne n’est à l’abri au cours de son existence d’un quelconque trouble mental, nous sommes tous exposés. Pourtant, les personnes souffrant de ce problème de santé sont souvent victimes de marginalisation, de discrimination et de stigmatisation dans toutes les sphères de la société.

La santé mentale reste aujourd’hui encore dans nos sociétés un sujet tabou et très sensible. Rarement évoquée dans l’espace public, elle constitue, en effet, le parent pauvre du système de santé et des politiques publiques. Notre bien-être mental passe au second plan car n’étant pas au même niveau de préoccupation que la santé dite physique.

Une santé mentale positive correspond à l’épanouissement personnel et aux capacités de l’individu à agir dans la société tandis qu’une mauvaise santé mentale sans assistance médicale peut conduire à une maladie mentale ou physique ainsi qu’une espérance de vie plus courte. De ce fait, la prise en charge des personnes atteintes de troubles mentaux reste insuffisante et il existe une fracture importante entre les personnes qui ont besoin de soin et celles qui y ont accès. À cela nous pouvons ajouter, un retard à se faire consulter, une négligence des diagnostics, une exclusion sociale voire un abandon total de la personne atteinte de trouble psychique.

Au Sénégal et plus largement en Afrique, nous constatons des limites dans la prise en charge de la santé mentale mais aussi une représentation stigmatisante et stéréotypée de la maladie mentale (au moins 10% de la population africaine serait atteinte par un trouble mental et en moyenne c’est un psychiatre pour 500 000 habitants) : les malades mentaux sont pour la plupart des cas isolés, harcelés, exclus des rapports sociaux, battus, attachés, méprisés et livrés à eux-mêmes. En 2019, la division de la santé mentale faisait état dans un rapport de « l'insuffisance des ressources humaines, de personnels qualifiés dans la prise en charge psychiatrique, de budget alloué à la santé mentale et l’indisponibilité des psychotropes ». En outre, sur les 14 régions du Sénégal, seulement 15 structures sont spécialisées dans la santé mentale avec 391 lits, plus de 46,15% de ces structures sont concentrées à Dakar accueillant plus de 86000 malades mentaux en 2020 et le nombre de psychiatres au niveau national est passé de 37 à 43.

À cause des préjugés et de l’ignorance, bon nombre de sénégalais, restent de nos jours réticents à l’idée de rencontrer les spécialistes de la santé mentale. Souvent associées aux blancs, la psychologie et la psychiatrie gardent plus ou moins cette perception négative des communautés. Beaucoup croient encore que le principal facteur d’un quelconque trouble relève d’un sort mystique ou bien d’un djinn (esprit surnaturel malintentionné).  De ce fait, les patients font appel d’abord aux guérisseurs traditionnels avant de consulter un spécialiste du trouble mental parfois tardivement. Ainsi, une offre psychiatrique à défaut malgré l’ancienneté de la prise en charge psychiatrique au Sénégal (depuis la période coloniale).

Cependant, on note de plus en plus une prise de conscience de l’importance de la santé mentale qui constitue un droit fondamental de tout être humain. L’évolution du concept a fortement contribue à changer les regards et les pratiques commençant par les Etats membres de l’Organisation Mondiale de la Santé qui se sont engagés à mettre en œuvre le Plan d’action global pour la santé mentale (2013-2030), qui vise à améliorer la santé grâce à un leadership et à une gouvernance plus efficaces, à une prise en charge complète, intégrée et adaptée aux besoins dans un cadre communautaire, à des stratégies de promotion et de prévention et au renforcement des systèmes d’informations, données factuelles et activités de recherche. Et l’Etat du Sénégal à travers le Ministère de la santé et de l’action sociale s’engage avec le réseau des associations pour la promotion de la santé mentale à l’effectivité totale et pour tous  de la prise en charge de la santé mentale : droits fondamentaux et égalités des chances. Un grand bon en avant des autorités politiques même s’il reste beaucoup à faire au Sénégal, en Afrique et dans le monde et de nombreux défis à relever pour promouvoir la santé mentale et améliorer la prise en charge des personnes touchées.

Nianga Diouf
Assistant de galerie

 

Les 15 structure spécialisées dans la santé mentale au Sénégal :

  • CHU Fann, Dakar                                                                                 

  • Centre pédopsychatrie de Fann (keur xaléyi), Dakar

  • Centre de prise en charge intégrée des addictions de Dakar                   

  • Pavillon France Hôpital principal de Dakar

  • Hôpital psychiatrique de Thiaroye, Dakar                                            

  • Hôpital pédiatrique de Diamniadio, Dakar

  • Centre de santé Dominique de Pikine, Dakar

  • Centre hospitalier national de Pikine, Dakar

  • Hôpital régional de Saint-Louis

  • Hôpital régional de Louga

  • Centre de Santé Dalal Xel de Thiès

  • Centre de Santé Dalal Xel de Fatick

  • Centre de réinsertion de Kaolack

  • Centre psychiatrique Emile Badiane, Ziguinchor

  • Centre psychiatrique de Tambacounda

AUTOUR DE L’ARTICLE :

À PROPOS DE NIANGA DIOUF

Nianga Diouf est un jeune professionnel du patrimoine culturel titulaire d'un master en gestion du patrimoine et des institutions culturelles. Après son baccalauréat, il fut orienté vers la section “Les métiers du patrimoine” de l'Université Gaston Berger de Saint-Louis du Sénégal.

Sa formation polyvalente lui a permis de posséder une expertise sur plusieurs domaines. Avant de début au sein de OH GALLERY comme assistant de galerie en 2022, Nianga est passé par plusieurs institutions et dispose d'expériences professionnelles diverses. 

Il projette aujourd'hui de faire une carrière de recherche dans l'étude du patrimoine en Afrique, son développement et son devenir. 


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