Témoigner de l’origine

Soly cissé, aliou diack, théodore diouf, jeewi lee, mischa sanders & philipp, IBRAHIMA THIAM
24 SEPTEMBRE - 12 NOVEMBRE 2022

OH GALLERY, ESPACE #2, DAKAR

EXPOSITIONS

PRÉsentation

 

« Prends garde c’est l’instant où se rompent les digues
C’est l’instant échappé aux processions du temps
Où l’on joue une aurore contre une naissance
Bats la campagne
Comme un éclair
Répands tes mains
Sur un visage sans raison
Connais ce qui n’est pas à ton image
Doute de toi
Connais la terre de ton cœur
Que germe le feu qui te brûle
Que fleurisse ton œil
Lumière. »

 

Paul Éluard, L’aventure, 1937.

 

La terre offre autant qu’elle reprend. Elle est matrice de création et d’existence, témoin de ce qui reste : quand tout disparaît, quand un monde n’est plus que poussière.


A plusieurs voix, les artistes présentés ont décidé de chanter leur amour pour la terre, pour cette matière qui n’a de cesse de nourrir leurs recherches, d’enraciner leurs œuvres au creux du monde. Chacun avec son regard et ses mains vient façonner, abimer et déceler un morceau d’histoire. Jeewi Lee, Ibrahima Thiam, le duo Mischa Sanders et Philipp Putzer, mais aussi Aliou Diack, Théodore Diouf et Soly Cissé font dialoguer leurs univers pour unifier les sols qu’ils ont foulé.

La terre est une unité morcelée. Mischa Sanders et Philipp Putzer en dévoilent la pluralité de de ses formes et de ses couleurs. Elle possède un seul visage mais se décline en une multitude de couleurs, de textures et de formes. Travailler la matière brute dégage une aura de mystère et les artistes y  portent la sémantique du monde dans un geste poétique. L’humain et l’humus seraient liés depuis la nuit des temps, appelant à l’humilité, au respect de la matière. À travers le monde, de nombreux mythes racontent la naissance des hommes par la terre et la poussière. Les êtres vivants sont ainsi reliés aux uns et aux autres, par la terre, le sol, un même biotope qui les regroupes, que nous transformons et façonnons au fil des siècles.

Jeewi Lee relie les terres et pratiques coréennes à celles du Sénégal. Elle côtoie la destruction et la création, laissant le temps, les traces occuper l’espace. La terre porte en elle toutes les traces de l’humanité, elle est un condensé d’histoire, l’empreinte des mémoires et du temps qui passe, figés dans les œuvres. Les formes d’Aliou Diack sont elles aussi suspendues, elles sont fixées dans un mouvement de métamorphose, comme des esprits puissants qui se cacheraient dans les forêts et au bord des fleuves. 

Au-delà de la matière, les héritages nous guettent. Ibrahima Thiam dresse un décor dépourvu d’âmes, où ne reste que les rites, la matière, les objets ancestraux qui occupent le sol. Sanctuaire de mémoire, la terre garde le secret des premiers hommes, de chaque ethnie. Elle a connu toutes les transformations qu’elles soient humaines, animales, culturelles ou politiques.

Des œuvres exposées émanent des traditions, des hommages de périodes révolues. Eriger des totems de mémoires, des formes, qu’elles soient rondes, texturées, ou angulaires permet d’imposer ces héritages dans le temps présent. Soly Cissé et Théodore Diouf croisent leurs regards sur le monde, traduisant deux visions du passé, opposées d’un point de vue plastique mais intrinsèquement liées à leurs passés. 

À plusieurs voix, les dessins se côtoient et dialoguent les uns avec les autres. Les artistes retracent leurs héritages, partagent leurs univers culturels, et vont, ensemble, bien au-delà : C’est un retour aux origines qui donne naissance à des histoires, à la fois personnelles, mais surtout universelles, indélébiles.

 

LES ARTISTES

Soly Cissé

Aliou Diack

Théodore Diouf

 

Jeewi Lee

MISCHA SANDERS & PHILIPP PUTZER

IBRAHIMA THIAM