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OH GALLERY est heureuse de présenter une sélection de photographies de l’artiste sénégalais Ibrahima Thiam afin de faire découvrir l’univers et les inspirations de l’artiste avant sa première exposition physique à la galerie.

MAAM NDEUK DAOUR MBAYE

Ibrahima Thiam
28 JUILLEt - 28 Août 2021

VIEWING ROOM

Présentation

Derrière son objectif, Ibrahima Thiam dérange les paysages. La présence de grandes silhouettes vêtues de blanc, soulignées de rouge, intrigue. Les mouvements arrêtés sont lents, les prises de vue multiples : quelque chose de poétique s’inscrit dans le temps.

Métaphore du sacré, l’artiste laisse entrer l’imaginaire collectif dans un environnement réel. Sujets essentiels des photographies, les fantômes fantasmes occupent l’espace de manière parfois subtile : un simple tissu pourpre déposé là, trace d’un quelconque passage, qui enlace un visage sculpté dans l’écorce. Fixer sur papier les divinités Lebues requiert de la patiente, de la recherche : l’artiste collecte des images pour forger son imaginaire et mettre en lumière des histoires orales qui ne peuvent être vues.

Originaire de Saint-Louis, Ibrahima Thiam se passionne pour la photographie et part explorer seul, en autodidacte, ses rouages. Dans ses mains, l’outil des souvenirs devient celui des mythes.

Le jeu sur les contrastes est primordial, les couleurs vives battent le rythme pour l'œil observateur, mais l’artiste veille à garder la douceur des aurores et son atmosphère secrète. On invente une voix à ces êtres inconnus. Le silence, lui, n’est pas de mise : les images vibrent, parlent et convoquent l’imaginaire des sons.

ARTISTE

Ibrahima Thiam © Antoine Tempé.jpg — Né en 1976 à Saint louis du Sénégal,
Ibrahima Thiam s’installe à Dakar où il fait des études en économie. A la suite d’un atelier organisé par le Goethe-Institut durant le Mois de la photo à Dakar en 2009, il se découvre une passion pour la photographie. Autodidacte, il s’intéresse à la mémoire, à l’archive, à l’oralité africaine ainsi qu’aux mythes et légendes. Ibrahima Thiam collecte des images, dont certaines sont issues de ses archives familiales, ce qui contribue à forger son imaginaire. Il développe également depuis quelques années une pratique qui met en lumière les divinités des communautés Lebu. Son travail a été présenté dans plusieurs expositions collectives nationales et internationales, notamment : Raw Material Company, Dakar, Sénégal, (2020), The View From Here : Contemporary Perspectives From Sénégal, Zuccaire Gallery, SUNY Stony Brook University, New York, Etats-Unis (2019), Gallery Eulenspiegel, Bale, Suisse, (2017), Bronx University, New York, Etats-Unis (2016) ainsi que Telling Time lors de la 10éme édition des Rencontres de Bamako, Biennale Africaine de la photographie (2015). Il vit et travaille entre Saint louis et Dakar.

© Antoine Tempé

2 Maam Njaré, 90X60cm, 2020. Ibrahima Thiam.JPG

Ayant grandi au Sénégal, les imaginaires de l’artiste Ibrahima Thiam ont été en partie façonnés par nombre de légendes sur les divinités Lebu et leurs relations aux villes côtières telles que Dakar, Rufisque, Saint Louis et Yoff. Les rituels associés à l’eau constituent des pratiques sacrées effectuées dans le but de maintenir de bonnes relations avec les esprits protecteurs de ces villes et de leurs communautés. Un respect notoire est voué aux espaces et lieux dits de ces esprits, ceci s’applique aussi à la primauté de leur présence dans ces refuges à des moments précis de la journée (…)

{Ibrahima Thiam} développe depuis quelques années une pratique qui met en lumière ces divinités. Faisant à la fois l’object de quiétude et de craintes, ses esprits agissent sur le littoral comme des sentinelles dont les légendes ont de tout temps bercé les soirées des communautés. Des légendes qui inspirent différentes formes de transmissions : transmission de croyances, de rites, de savoir et savoir-faire (…)

Sachant la place qu’occupent les traditions orales dans l’archivage et la transmission des savoirs liés à ces récits, cette collaboration avec Ibrahima Thiam nous mène à investir la richesse de la pratique photographique en ce qu’elle offre la possibilité de transcender les limites physiques et matérielles des archives. Le caractère fictionnel du travail de Thiam suggère, non pas une représentation naïve des divinités évoquées, mais un voyage au coeur des imaginaires ayant nourri la relation qu’il développe avec ces êtres .

Extrait du texte “D’une rive à l’autre”
rédigé par Marie Hélène Pereira et Fatima Bintou Rassoul Sy
pour l’exposition qui s’est tenue à RAW Material Compagny en Décembre 2020.