FRêres d’âme

lune diagne & Sambou Diouf
22 mai - 15 juillet 2021

EXPOSITIONS

avant-propos

 

Malgré des pratiques artistiques éloignées, nombreux sont les points communs qui réunissent Lune Diagne et Sambou Diouf. Les deux hommes sont de jeunes artistes sénégalais découverts il y a peu. Tous les deux ont dû s’imposer auprès de leur famille pour pouvoir exercer ce métier de passion et étudier aux Beaux-Arts de Dakar, respectivement en 2007 et 2011. 

Lune est un danseur reconnu qui s’est découvert peintre et vit entre le Sénégal et les Pays-Bas. Sambou est un artiste plasticien qui vit entre Dakar et Saint-Louis. Ils ne se sont jamais rencontrés. Ils n’ont d’ailleurs jamais entendu parler de l’un ou de l’autre auparavant. Pourtant, leurs travaux se rejoignent de manière troublante. Leurs œuvres cherchent à reconstruire une histoire commune, à partager un devoir de mémoire, une quête de vérité, d’identité envers leurs ancêtres et leur sang : les tirailleurs sénégalais. 

L’évidence de les réunir autour d’une exposition duo s’est imposée en décembre 2019, lors de la première exposition monographique de Sambou Diouf à la OH Gallery. Pendant sa visite, Lune aborde son histoire et sa recherche sur les soldats sénégalais, notamment sur le massacre de Thiaroye, devant Le tirailleur de Sambou qui lui, évoque le massacre de Chasselay (département du Rhône, France). Deux évènements marquants qui témoignent de l’atrocité des guerres et mettent en exergue l’omniprésence des fantômes de ces soldats dont l’humanité fut niée et dont les morts planent encore sur les générations actuelles. 

Par la couleur, la création, l’exploration de nouvelles textures, la remise en question de la forme, du support mais surtout leurs stylisations respectives et répétitives du portrait quasi- obsessionnelles, Lune et Sambou tentent de redonner une identité, un visage à ces gueules cassées, ces oubliés dont les souvenirs fragmentés cherchent à faire jaillir l’allégorie, le symbole d’une humanité retrouvée à travers un soldat inconnu.

présentation

Par Olivia Marsaud, directrice de la Galerie Le Manège

 

Le règne des frères obscurs

Vous Tirailleurs Sénégalais, mes frères noirs à la main chaude, couchés sous la glace et la mort
Qui pourra vous chanter si ce n’est votre frère d’armes, votre frère de sang ?

(Léopold Sedar Senghor, Hosties noires, Poème liminaire, Paris, avril 1940)

Les « tirailleurs sénégalais » constituaient un corps de l’armée coloniale créé en 1857 - dont le premier régiment a été formé au Sénégal- et dissout au début des années 1960. Le recrutement des tirailleurs s’est effectué dans l’ensemble de l’Afrique-Occidentale française et de l’Afrique-Equatoriale française mais, pour autant, la dénomination « tirailleurs sénégalais » est rapidement employée pour désigner l’ensemble des soldats africains noirs qui se battent sous le drapeau français, sans distinction géographique.

Au-delà des chiffres (quelque 400 000 tirailleurs sénégalais mobilisés lors des deux guerres mondiales), des événements douloureux restent attachés à ces contingents. Comme le massacre de Chasselay, près de Lyon, en France, le 20 juin 1940, où 48 tirailleurs sont exécutés par l’armée allemande alors que les soldats français sont épargnés. Horrifiés par ce massacre, les habitants enterrent les corps dans un cimetière, transformé en nécropole en 1942 : le Tata sénégalais de Chasselay. Tata signifie « enceinte de terre sacrée » en wolof. De la terre de Dakar, venue par avion, y sera mélangée à la terre française. C’est ce moment tragique qui inspire en 2019 la toile « Tirailleur » de Sambou Diouf, dans laquelle un buste masqué est encadré d’un cercueil.

Quant à Lune Diagne, il est bouleversé par la lecture du livre de David Diop, « Frère d’âme » 1 et par le massacre du camp de Thiaroye. Ce dernier s’est déroulé dans un camp militaire proche de Dakar le 1 er décembre 1944. 1 200 à 1 800 tirailleurs sénégalais, originaires de plusieurs régions du continent (Burkina Faso, Mali, Guinée…) et anciens prisonniers de guerre, qui n’en peuvent plus d’attendre le paiement de leur pécule, de leur prime de démobilisation et de leurs arriérés de solde, manifestent leur mécontentement. L’armée française ouvre le feu. Aujourd’hui encore le nombre exact de morts n’est pas avéré, des 35 officiels aux plusieurs centaines révélées par les historiens.

L’histoire des tirailleurs sénégalais demeure au cœur d’une mémoire collective et partagée. Et le fait que les artistes contemporains continuent de s’emparer régulièrement de cette histoire, à travers nombre de médiums (photographie, vidéo, peinture, sculpture, performance…) montre combien elle est vivace, importante. Et combien l’art est nécessaire pour apporter de nouveaux éclairages, de nouvelles visions, de nouveaux imaginaires et porter un vrai désir d’universalité.

« La nuit, tous les sangs sont noirs », écrit David Diop. La littérature permet de tisser des portraits et de mettre un nom sur le visage du soldat anonyme, elle fait surgir des individus, des frères d’humanité, de cette masse indistincte appelée « tirailleurs ». Les démarches plastiques de Lune Diagne et Sambou Diouf font également vivre et revivre les « frères obscurs » que « personne ne nomme », aux « uniformes couleur de tristesse » 2 . Ainsi, les gueules cassées et les portraits, grimaçants de Lune Diagne où l’on reconnaît les « frères d’armes qui seront repartis défigurés, estropiés, éventrés » comme l’écrit Diop. « Qui logera nos rêves sous les paupières des étoiles ? » s’interrogeait Senghor 3 . Qui ? Les artistes, frères d’âme de ces tirailleurs anonymes qui ont décidé de les révéler à leur manière.

DOSSIER DE PRESSE (FR)

 

LOCALISATION

Galerie Le Manège - Institut Français de Dakar
3-5 rue Parchappe
Dakar Plateau

HORAIRES d’ouvertures

Du lundi au samedi
De 10h à 18h

INFORMATIONS

wwwlemanege.ifs.sn

ARTISTES

 
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Lune Diagne

Alioune Diagne, dit Lune Diagne, est un artiste pluridisciplinaire, plasticien, chorégraphe et danseur qui vit entre le Sénégal et les Pays-Bas. Etudiant à l'école des Beaux-Arts de Dakar de 2006 à 2007 …

Portrait Sambou Diouf

SAMBOU DIOUF

Né à Dakar 1975, Sambou Diouf sort de l'École des Beaux Arts en 2011. Un artiste qui débute une formation et une carrière tardive. Ses parents refusent qu'il soit artiste. Très vite après sa sortie de l'école, Sambou réalise une …

EXPOSITION AVEC LE SUPPORT DE :

 
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