A tale of Modernim
Mischa Sanders & Philipp Putzer
29 novembre 2025 - 31 janvier 2026
OH GALLERY, Dakar
PRÉSENTATION
par Alyssa Barry
A TALE OF MODERNISM OU LES FORMES DE LA MODERNITÉ
La modernité est une pratique et une poétique du changement […] liée à l’expérience vécue [et] fondée sur la conscience d’un monde qui change. Il n’y a pas de forme définitive de la modernité, mais seulement la définition toujours renouvelée d’une modernité qui prend forme.[1]
À travers leur pratique artistique, Mischa Sanders et Philipp Putzer utilisent la sculpture, la peinture et le dessin pour explorer la modernité, en la façonnant au gré des formes, au contact de la matière et au rythme du temps.
Du latin modernus – qui signifie actuel ou récent – la modernité peut être définie comme « ce qui témoigne des transformations, des évolutions de l’époque présente, est caractéristique d’un esprit nouveau, de goûts nouveaux, répond aux désirs, aux attentes du moment »[2]. La notion fait son apparition dans le domaine des arts et des lettres au XIXe siècle pour définir non plus un cadre temporel mais un idéal esthétique, prôné par des figures comme Charles Baudelaire qui incite notamment les artistes à se faire « peintre[s] de la vie moderne »[3]. Pour le poète : « La modernité, c'est le transitoire, le fugitif, le contingent, la moitié de l'art, dont l'autre moitié est l'éternel et l'immuable.»[4]
En architecture, la modernité est érigée en mouvement en se traduisant, dès la fin des années 1920, par le modernisme. Organisé du 26 au 29 juin 1928 au Château de la Sarraz en Suisse, le premier Congrès international d’architecture moderne (CIAM) inaugure une longue série de foyers de réflexion qui seront organisés régulièrement jusqu’en 1959, conçus comme un laboratoire d'idées, d'échanges et de diffusion des idées du mouvement moderne en architecture et en urbanisme. Cette première rencontre donne lieu à la Déclaration de Sarraz, qui stipule notamment que « la destinée de l'architecture est d'exprimer l'orientation de l'époque [et] que les œuvres architecturales ne peuvent que relever du temps présent. »[5]
À un moment de grands bouleversements faisant suite à la révolution industrielle et aux deux guerres mondiales qui s’ensuivent, le modernisme prône une esthétique de la simplicité basée sur la fonctionnalité. Lignes épurées, matériaux bruts, économie d’espaces : l’architecture se rationnalise et se standardise dans le but de répondre aux besoins démographiques, économiques et sociétaux de l’époque. Elle traduit de nouvelles manières de voir, penser, représenter et construire la production architecturale, de nouvelles façons d’habiter la ville. Le modernisme propose une rupture radicale avec le passé pour imaginer et (re)construire la ville pour les besoins d’une « société au service de l’industrie »[6]. Selon ses protagonistes: « Il est urgent que l'architecture, abandonnant les conceptions surannées attachées à l'artisanat, s'appuie dorénavant sur les réalités présentes de la technique industrielle quand bien même une telle attitude devrait aboutir à des réalisations foncièrement différentes de celles des époques passées. »[7]
Dès les années 1930, les architectes modernistes voient dans les colonies et ex-colonies un terrain propice à l’expérimentation de l’architecture idéale, une occasion pour eux de mettre en pratique les modèles du mouvement moderne, jusque-là principalement restés à l’état de théories. La diffusion du modernisme en dehors du contexte occidental devient dès lors, comme le soutient De Boisséon, incontestablement liée aux réseaux d’interconnexion hérités du colonialisme, de la modernité et du développement.[8]
En Afrique, la modernité en architecture prend plusieurs formes. Dans sa classification des « courants de modernisation dans l’architecture africaine »[9], Antoni Folkers distingue notamment la modernité classique (Classic Modernity) et la modernité de la trajectoire africaine (African-track Modernity). La première correspond à une période de grands investissements dans l’architecture et les infrastructures à la fin de la période coloniale au cours de laquelle les villes deviennent un laboratoire pour le mouvement moderne. La deuxième, menée par une nouvelle génération d'architectes basés en Afrique ainsi que par la toute première génération d'architectes nés en Afrique, s’inscrit dans le momentum des indépendances. Elle est marquée par une réinterprétation, à l’africaine, du mouvement moderne.[10]
C’est finalement des productions architecturales de ces deux courants que s’inspire le travail de Mischa et Philipp. De l’architecture mussolinienne de l’Italie natale de Philipp à celle de Dresde en Allemagne de l’Est, lieu d’études et de rencontre du duo d’artistes, il n’y a qu’un pas : celui qui mènera Mischa et Philipp à Abidjan entre xxx et xxx puis à Dakar entre xxx et xxx [AKB1] dans le cadre de diverses résidences artistiques. Dans ces deux capitales africaines, ils retrouvent une architecture à la fois sculpturale et monumentale qui témoigne d’un patrimoine étatique matérialisant l’acte de « (re)construire pour mieux régner »[11]. Ce sont xxxxxxxx.[AKB2]
Les œuvres de Mischa et Philipp sont une réinterprétation de ces bâtiments, une poursuite de leur réflexion sur les formes de la modernité.
Parcequ’ils considèrent que « les matériaux ont leur propre pouvoir », le point de départ de leur travail demeure la matière – le Béton, l’Argile ou le Plâtre – qui ont marqué leur précédentes expositions à la galerie OH[12]. Pour Mischa et Philipp, « la matière n’est qu’un moyen de transition » pour atteindre la forme de ces « objets qui poussent de la terre vers les hauteurs » pour produire « des fragments et des ruines architecturales »[13] ou des « formes totémiques architecturales »[14].
Mais ici, c’est surtout sur l’Aluminium qu’ils ont choisi de se concentrer. Métal le plus abondant de la croûte terrestre, l’Aluminium demeure l’un des matériaux les plus utilisés aujourd’hui , en particulier dans le milieu industriel. Né de découvertes scientifiques au milieu du XIXe siècle, il est symboliquement associé au progrès technique et à la modernité.[15]
Pourtant, c’est son côté organique et artisanal qui intéresse ici les artistes. L’important travail de recherche sur les pratiques de fonte traditionnelles pré-industrielles, aujourd’hui délaissées en France mais encore actives en Côte d’Ivoire ou au Sénégal, la transformation du métal passant d’un état liquide à une forme fossilisée obtenue à partir d’un sable réutilisable à l’infini, ou encore la possibilité d’expérimenter sans cesse de nouveaux alliages, moulages et techniques, constituent autant de voies par lesquelles les artistes explorent les formes multiples de modernité offertes par le matériau
NOTES
[1] ZEVI, Bruno. 2016. Le langage moderne de l’architecture: pour une approche anticlassique. Marseille. Parenthèses
[2] Dictionnaire de l’Académie française
[3] Baudelaire publie en 1869 Le Peintre de la vie moderne, un recueil d’essais traitant du peintre et dessinateur Constantin Guys, qui théorise l’esthétique de l’impression instantanée et de la modernité.
[4] BAUDELAIRE, Charles. 1869. Le Peintre de la vie moderne. Le Figaro.
[5] Déclaration de La Sarraz. Premier Congrès international d’architecture moderne (CIAM), Château de La Sarraz, Suisse, 28–29 juin 1928.
[6] ORGILLES, Célia. 2020. Le modernisme en architecture, une table rase ? Mémoire de fin d’études. Université de Liège - Faculté d’Architecture.
[7] Déclaration de La Sarraz. op. cit.
[8] DE BOISSÉSON, Jean-Baptiste. 2016. Le « Modernisme Tropical » Essai de définition : Regard croisé entre Congo Belge et Brésil. Mémoire de fin d’études. Université Libre de Bruxelles - Faculté d’Architecture La Cambre-Horta.
[9] Cette classification, que l’auteur explique être non discriminatoire, non chronologique, non exhaustive, non déterministe et ouverte à l’adaptation, énumère les différents courants de la modernisation de l’architecture comme étant : la modernité classique (investissement dans le bâtiment et les infrastructures à la fin de la période coloniale entre 1945 et 1965) ; la modernité de la trajectoire africaine (reprise du mouvement moderne européen dans les années 1960 et au-delà par des architectes africains ou basés en Afrique) ; la modernité d’ingénierie (exportée par les colonisateurs européens entre le XIXᵉ et le XXᵉ siècle, mise en œuvre par des ingénieurs) ; la modernité populaire (apparue dès les années 1920, caractérisée par l’usage de matériaux de construction standardisés comme la tôle ondulée ou les parpaings de ciment) ; et la modernité élitiste (bâtiments érigés par la classe dirigeante africaine avant et au tout début de la période coloniale, dans la seconde moitié du XIXe siècle).
[10] FOLKER, Anthony. 2013. « Early Modern African Architecture. The House of Wonders Revisited. » In Doconomo Journal. No. 48 – 2013/1. Modern Africa, Tropical Architecture.
[11] BARRY, Alyssa. 2021. « Le(s) patrimoine(s) des Indépendances pour une approche moderne du patrimoine africain : les exemples ivoirien et sénégalais ». Symposium sur le patrimoine moderne africain (MoHoA), Université du Cap (UCT), Le Cap, Afrique du Sud (22 septembre 2021).
[12] VRAOM (Volume Ruins And Organic Materials) présentée du 28 février au 21 mars 2021 ; Souffle Azimut, avec Ibrahima Thiam, du 11 septembre au 20 novembre 2021 ; le Musée sous-marin exposé depuis le 11 décembre 2021 ; et Silent Variations du 9 mars au 29 avril 2023
[13] Mischa Sanders et Philipp Putzer en conversation avec Océane Harati, https://www.ohgallery.net/blog/mischa-philipp-interview
[14] Notes des artistes
[15] LEYMONERIE, Claire. 2011. « L’aluminium, matériau des arts décoratifs à l’Exposition Internationale de Paris en 1937. » In Cahiers d’histoire de l’aluminium, 46-47 (1), 8a-49a. Voir également HACHEZ-LEROY, Florence. 2021. L’aluminium et le pari du nouvel âge architectural, 1945-1955. L’esthétique des Trente glorieuses. De la Reconstruction à la croissance industrielle, Illustria - Librairie des Musées.
[AKB1]À compléter avec les années
[AKB2]Ici je voudrais décrire quelques bâtiments emblématiques représentés dans les dessins.
[AKB3]Ici je voudrais rajouter quelques lignes pour décrire les pièces exposées et faire des liens avec le mouvement moderne avant de conclure.
AUTOUR DE L’EXPOSITION
A C T U A L I T É S
- R É S I D E N C E D’ A R T I S T E -
Retour sur la résidence d’artiste et les recherches du duo qui s’est déroulé du 29 septembre au 15 décembre 2025.
A C T U A L I T É S
- V I S I T E D’ A T E L I E R -
Samedi 08 et 15 novembre avril 2025
Médina, Dakar
C O N V E R S A T I O N
- R E N C O N T R E -
Conversation entre Mischa Sanders & Philipp Putzer et Océane Harati
Œuvres
RÉSIDENCE D’ARTISTES
À PROPOS
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Mischa Sanders & Philipp Putzer
À PROPOS D’ALYSSA BARRY
Alyssa K. Barry est une architecte et urbaniste sénégalaise spécialisée dans le patrimoine culturel africain. Après plusieurs années passées au Centre du patrimoine mondial de l'UNESCO à Paris, elle s'est installée à Dakar en 2022 et a fondé AKB HERITAGE en 2024, un cabinet de conseil et d'ingénierie culturelle axé sur le patrimoine culturel africain. Elle a collaboré avec diverses institutions sur des projets liés à la Convention du patrimoine mondial, au renforcement des capacités et aux musées en Afrique. Elle a été la coordinatrice d'ICOMOS EPWG Afrique de 2022 à 2024 et est la secrétaire générale d'ICOM Sénégal depuis 2024. Alyssa enseigne le patrimoine architectural au Collège universitaire d'architecture de Dakar (CUAD) et poursuit un doctorat en anthropologie à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar portant sur le patrimoine artistique moderne en Afrique de l'Ouest. Elle est également la fondatrice d'AFREAKART, une plateforme digitale dédiée à l'art contemporain africain.