Retour sur la résidence de Hako Hankson

Hako Hankson de son vrai nom Hako Gaston est un artiste panafricain d'origine camerounais. Lors de sa résidence au Sénégal sur le compte de la OH GALLERY, il s'est distingué par la création des œuvres puissantes et évocatrices qui abordent des thématiques des réfugiés, des apatrides et de l'apartheid en plus d'autres sujets sociaux et géopolitiques. En effet, ces thématiques sont particulièrement pertinentes dans le contexte actuel, ou les injustices subsistent sous différentes formes. Par exemple, "Tandis que de plus en plus de citoyens tentent de se faire entendre, les Etats répondent en réprimant les libertés fondamentales, souvent au nom de la protection de l'ordre public ou de la lutte contre le terrorisme". Ou encore, d'après le UNHCR? Global Trends Report de 2022, à travers le monde, plus de quatre millions quatre cent mille (4.400.000) personnes sont apatrides ou de nationalité indéterminée et l'Afrique de l'Ouest est fortement touchée par ce phénomène". "Aujourd'hui, l'apartheid est aboli en Afrique du Sud, mais le crime d'apartheid, tel que défini en droit international, peut être commis dans d'autres parties du monde, dans divers contextes [...] Les actes spécifiques commis dans ce contexte et qualifiés de crimes d'apartheid vont d'actes ouvertement violents, comme les blessures graves, le meurtre, le viol et la torture, à des transferts forcés de population, des détentions administratives, la privation de droits et de libertés fondamentaux et le déni du droit de participer à la vie politique, sociale, économique et culturelle du pays.

Ces crimes, commis dans une impunité quasi-totale, ont pour but de maintenir la domination d'un groupe racial (tel que défini par la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale) sur un autre**. Ainsi, Noman Al Hothaifff n'a-t-il raison d'affirmer que : « La discrimination et les pratiques raciales doivent être clairement érigées en infractions dans la législation nationale, sinon l'Etat de droit restera hors de portée dans mon pays ». Si certaines personnes utilisent la plume pour s'exprimer, Hankson de son côté se sert de son pinceau pour s'extérioriser.

Depuis son enfance, Hako est bien enraciné dans la culture traditionnelle de l'ouest du Cameroun et il a grandi au moment où toute l'Afrique demandée la libération de l'Afrique du Sud de l'apartheid. D'un père sculpteur et fière de sa culture baméléké, les masques, les statuettes, les danses et autres rites nourrissent ses travaux. À travers sa peinture, Hako explore les conséquences de l'injustice, de la discrimination et de l'exclusion sociale, tout en célébrant la résilience et la richesse de l'identité africaine, en particulier camerounais. Il est l'architecte d'un avenir pacifique qui bâti les fondations de la compréhension du dialogue et de la réconciliation.

Autodidacte et libre de penseur, le travail de Hako Hankson est marqué par des textures et des images qui racontent des histoires de résistance, de marginalisation et d'espoir. Il utilise aussi des symboles et des métaphores visuelles pour représenter des blessures laissées par ces faits. Les couleurs vibrantes et les compositions dynamiques de ses œuvres évoquent la colère, la détresse, la souffrance, la douleur, mais aussi l'espoir et la solidarité et attirent ainsi l'essence des émotions humaines. Hako, dans son approche artistique, remet en question les frontières physiques, sociales ou psychologiques établies et invite le public à réfléchir sur les conséquences des préjugés et de la discrimination dans nos sociétés actuelles. Sa participation à la Foire de Cape Town, en communion avec son exposition solo à la OH GALLERY devient ainsi non seulement un espace de dialogue, mais aussi un moyen de promouvoir la compréhension et la compassion entre les cultures.

Par ailleurs, l'art de Hako ne se limite pas à une simple représentation. C'est un puissant moyen d'expression qui appelle à la réflexion et à l'action. Le pinceau de Hako est un outil de sensibilisation et d'éducation sur l'importance de l'égalité et de la justice. Hako est la voix de ceux qui n'en ont pas. Ce qui fait qu'au-delà de son incroyable, son audace est sans doute une des raisons de son succès. Les travaux de la résidence de Hako Hankson dépassent le cadre de l'art visuel pour devenir un véhicule d'émotion et de réflexion sur les réalités sociopolitiques de l'Afrique. Ses toiles riches en signification invitent les spectateurs à plonger dans l'histoire collective tout en appelant à une transformation positive. Grâce à son engagement créatif, Hako Hankson nous rappelle le besoin urgent de promouvoir la paix, l'égalité et la justice, tout en célébrant la diversité et la richesse de l'expérience africaine.

Des artistes qui ouvrent les consciences comme Hako Hankson nous permettent de cheminer vers un meilleur futur où règne la justice. En construisant un grand atelier dans son village au Cameroun, l'artiste panafricain cherche à inspirer et à encourager les jeunes générations à s'exprimer et à revendiquer leurs droits, renforçant du coup le lien entre l'art et l'activisme.

Fervent défenseur des traditions et cultures, Hako a trop tôt compris que dans ce contexte de mondialisation, l'acculturation devient une crise identitaire et l'avenir appartient aux continents, pays, ville, communautés et même aux groupes d'individus qui auront su conserver et valoriser leur patrimoine culturel.

NOTES

(1) Extrait d'Amnesty International * Faire de l'injustice une affaire personnelle :https://www.amnesty.org/fr/latest/campaigns/2016/01/amnesty-goals-2016-2019/

(2) Agence des Nations Unis pour les réfugiés

(3) La Convention internationale sur l'élimination et la répression du crime d'apartheid et adoptée et ouverte à la signature et à la ratification par l'Assemblée générale dans sa résolution 3068(XXVIII) du 30 novembre 1973 Entrée en vigueur : le 18 juillet 1976, conformément aux dispositions de l'article XV.

(4) Extrait d'Amnesty International * Qu'est-ce que l'apartheid ?": https:/www.amnesty.fr/focus/apartheid

(5) M. Al Hothaifi est le président du Conseil national des minorités du Yémen. Il est actuellement le principal défenseur des droits des personnes d'ascendance africaine au Yémen. Il a contribué à la création de nombreuses organisations civiles et de défense des droits humains représentant les personnes d'ascendance africaine au Yémen.

Références bibliographiques

Amnesty International " Faire de l'injustice une affaire personnelle : https://www.amnesty.org/fr/latest/campaigns/2016/01/amnesty-goals-2016-2019/

Amnesty International " Qu'est-ce que l'apartheid ?" : https://www.amnesty.fr/focus/apartheid

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