Théodore Diouf à 36e Biennale de São Paulo - Not All Travellers Walk Roads - Of Humanity as Practice

 

Dans le cadre de la sélectionThéodore Diouf à la 36e Biennale de São Paulo, la galerie est heureuse de partager un extrait du texte “Théodore Diouf à la Biennale de Sao Paulo 2025 : l’Ecole de Dakar au coeur des conversations Sud-Sud” de Charlotte Lidon : 

La participation de Théodore Diouf à la 36e Biennale de São Paulo dirigée par le commissaire camerounais Bonaventure Soh Bejeng Ndikung, constitue un moment privilégié pour appréhender les convergences esthétiques qui ont façonné les modernismes postcoloniaux des années 1960-1970. Ndikung, directeur de la Haus der Kulturen der Welt à Berlin et théoricien reconnu des pratiques artistiques africaines contemporaines, a développé depuis plus d'une décennie une approche curatoriale qui privilégie les généalogies artistiques alternatives et interroge les canons occidentaux. 

La sélection curatoriale de São Paulo 2025 met en lumière l'ampleur d'un phénomène longtemps occulté : l'émergence simultanée, de Brazzaville à Dakar, en passant par Casablanca, du Proche-Orient au Brésil, de nouvelles formes plastiques attestant l'existence d'une modernité alternative. Celle-ci ne se définit pas uniquement par opposition aux récits eurocentrés, mais aussi par des échanges transversaux — Afrique, Maghreb, Amérique latine, Asie — qui ont engendré des formes hybrides et des positionnements critiques communs.

Dans cette perspective, la présence de Théodore Diouf aux côtés d'artistes nés avant 1950 — Ernest Mancoba et Ernest Cole (Afrique du Sud), François Thango (Congo), Farid Belkahia et Mohamed Melehi (Maroc), Edival Ramosa et Kenzi Shiokava (Brésil), Kamala Ibrahim Ishag (Soudan), Imran Mir (Pakistan) — offre une occasion unique d'analyser comment différents foyers créatifs ont élaboré des langages visuels autonomes au lendemain des indépendances. Ces trajectoires révèlent des méthodes convergentes de réappropriation de matériaux et motifs locaux, d'hybridation des codes modernistes ainsi qu'une inscription des œuvres dans une géopolitique culturelle Sud-Sud.

Formé au sein de l'École de Dakar— mouvement artistique né dans les années 1960 sous l'impulsion du président Léopold Sédar Senghor, privilégiant une synthèse entre modernité plastique et références cosmogoniques africaines — Diouf incarne cette écriture d'une histoire de l'art moderne globalisé qui s'élabore en marge, voire en dehors, des cadres historiographiques eurocentrés. Son parcours  et ses œuvres mis en regard de celles de ses contemporains montrent comment les modernismes périphériques, loin d'être de simples déclinaisons régionales, ont constitué de véritables laboratoires d'innovations plastiques et idéologiques. 

Cette exploration se déploiera en deux temps complémentaires. Nous analyserons les convergences décoloniales qui émergent entre 1950 et 1980, en examinant la politique culturelle senghorienne à l'origine de l'École de Dakar, la révolution esthétique de l'École de Casablanca, et le laboratoire culturel brésilien qui anticipe ces questionnements. Nous cartographierons ensuite les constellations géographiques de cette génération de modernités décoloniales présente à São Paulo 2025, révélant leurs stratégies plastiques communes, leurs géographies alternatives de résistance, et leurs innovations matérielles.

Pour conclure, nous examinerons comment cette Biennale, en consacrant ces trajectoires artistiques longtemps marginalisées, participe à l'écriture d'un nouveau récit de l'art moderne où les anciens territoires colonisés cessent d'être des périphéries pour redevenir des centres créatifs à part entière (…) 

Lire l’intégralité du texte sur le blog

Credits Aletheia Producoes, Thaisa Valadao

 
Suivant
Suivant

Lune Diagne & Mbaye Diop au far à Nyon