WEEYO

OUMAR BALL
23 SEPTEMBRE - 18 NOVEMBRE 2023

OH GALLERY, DAKAR

 

PRÉsentation

 

“Ni ici,
ni ailleurs,
une histoire propre, ni enracinée,
ni atopique,
un espace nouveau, ni fixe,
ni insaisissable,
un temps autre,
ni mesurable,
ni lisse.” (1)

Si les termes qui nous permettent de définir la notion d’espace pouvait être tangible, nous ne serions pas en train d’écrire ces quelques lignes. Nos corps seraient appelés à en explorer chaque recoin, pour y définir les limites et en comprendre l'essence.

L’espace et le mouvement sont des concepts dont la mise en image est complexe mais dans lesquels les cultures cristallisent leurs désirs de liberté et construisent leurs histoires. Une énergie qui se résume par un mot de langue pular, libéré des contraintes de temporalité sans pour autant les nier : Weeyo, qui se traduit de manière littérale par atmosphère. Une unité du vivant, de terre et de mémoire qui forme ce concept si insaisissable qu’est l’espace : un temps autre, une histoire propre. Un simple mot que l’artiste choisit de répéter par des synonymes, des énergies voisines, pour y convoquer une résonance infinie en dehors du temps.

C’est au cœur de la Mauritanie que l’artiste plasticien, Oumar Ball fixe nos pas en y abaissant les barrières du temps. Il réunit traces, passage et symboles au sein d’un même espace, brodant les éléments dans une atmosphère méditative. Par la construction de cette atmosphère, le territoire et son histoire y tiennent une place centrale. Les œuvres cohabitent et définissent une esthétique, une expérience tangible de ce qui est, dans sa forme la plus authentique. 

La recherche plastique de l’artiste est marquée par une relation consciente aux éléments naturels. Par la terre, les pigments, le fer ou encore le métal qui n’est autre que du calcaire et du charbon transformé, Oumar Ball  fait des matières des lieux autonomes que le spectateur pourrait habiter. Chaque trace y devient une réelle carte affective, composée d’un passé commun avec l’humanité. Elles régissent la Mauritanie et guident les peuples pour y déposer leurs multiples récits.

Une ode à la Mauritanie et son désert, les légendes des êtres qui la traversent et l’explorent se déploient sous nos yeux. La dureté des roches est mise en parallèle avec l’eau, le fleuve Sénégal qui parcourt le pays. Le désert n'apparaît plus en terre d'errance mais comme un endroit d’apprentissage où les Mahadir inscrivent la connaissance dans le mouvement. 

De cette exposition, les frontières tracées par les éléments, la marque de l’eau qui traversent les frontières n’a jamais eu pour vocation de séparer, d’enfermer et de limiter. Les actions humaines entrent ainsi en écho avec les frontières naturelles, rappelant les conflits de partage de territoire entre peuples et pays. L’eau n’a pour ambition que de parcourir, d’avancer dans un mouvement infini. Le fleuve sénégal vient laver et guérir, il s’émancipe des cris et de la violence dont il a pu être témoins, malgré lui, il en conserve la mémoire, la diffuse sans même prononcer un mot. Son existence et sa course rappellent un avant un après et apaisent par sa fluidité ; il raconte mais ne sépare jamais. 

C’est une quête sans fin pour l’artiste, par la réinterprétation de la peinture rupestre, en y reprenant ses codes, Oumar Ball cherche à faire de la trace, de la mémoire, des arques de mouvement pour fragmenter et reunifier l’espace et les cultures dans un seul temps. Les marques laissées par les peuples en mouvement, révèlent le territoire et viennent se diluer dans le monde pour lui conférer de nouvelles formes. Les figures animales nous habitent, l’oiseau et son ombre est un rappel : pour l’humain, se réaliser par nos racines aériennes est possible. Dans un ensemble homogène, le voyage devient alors un moyen de porter son histoire, ses espoirs et de les disperser sur terre. 



notes

  1. Ref Michel Onfray, page 41, théorie du voyage

  2. Université du désert, tradition chez les Chanaguitt, enseignement nomade, contexte de déplacement

  3. Le fleuve Sénégal constitue la frontière nationale entre la Mauritanie et le Sénégal

  4. Massacres de 1989 survenus de part et d’autre du fleuve Sénégal, frontière entre la Mauritanie et le Sénégal

  5. Le Fleuve n’est pas une frontière, titre original : Maayo wonaa keerol, Alassane DIAGO, 2022, 105 minutes

 

Oumar Ball & Emmanuel Tussore, Weeyo, avril 2023, Nouakchott, vidéo 4k, 120 min. Edition 1/3

ÉVÈNEMENTS


CONVERSATIONS

- R E N C O N T R E -

Rencontre avec l’artiste le mardi 26 septembre à 15h30.
Uniquement sur inscription

Captation vidéo de la rencontre disponible ultérieurement.

oH LIBRARY

- L A B I B L I O T H È Q U E -

La rencontre avec La Bibliothèque, autour de l’exposition de Oumar Ball, aura lieu samedi 14 octobre de 15h à 18h.

Informations et inscription

MÉDIAS > VIDÉOS


INTERVIEW DE L’ARTISTE

VISITE DE L’EXPOSITION

À PROPOS


© Alun Be

Artiste mauritanien, Oumar Ball est né en 1985 à Bababé, dans la région du fleuve Fouta Tooro. D’abord élevé par sa grand-mère, il s’installe par la suite à Nouakchott avec sa famille, Il a alors 12 ans. Il grandit au côté d’un père peintre et photographe dont il suit rapidement les pas. Dès ses 9 ans il approche la sculpture, pour s’engager plus sérieusement dans une voie picturale autour de ses 15 ans.

Ses recherches oscillent entre figuration et abstraction.

« Sur cette immense territoire qu’était pour moi alors le village où je vivais, je trouvais des morceaux de métal de formes abstraites, du fil de fer aplati comme des écritures, des cartons ou plastique colorés, et je fabriquais des jouets. » Quels que soient les matériaux qu’il utilise, il y retrouve le plaisir du fil de fer qui dessine, du métal qui colore, de l’argile qui aquarelle. Au regard de ses œuvres, l’artiste prend la mesure de racines qui, à ce jour, inspirent toujours son travail. Le fil de fer reste la trame de fond d’ identité plastique de Oumar Ball. Avec cet outil, il assemble tôle ondulée et le métal recyclé dans ses sculptures aussi bien que ses peintures.

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OUMAR BALL