Ousmane Sow

Ousmane Sow (1935–2016) naît à Dakar d'une mère saint-louisienne et d'un père dakarois. Il s’installe en France dans les années 50 pour se former à la kinésithérapie, métier qu’il exerce tout en développant sa pratique artistique de manière autodidacte, inspirée par sa maîtrise du corps et du mouvement. De retour au Sénégal en 1980,  ce n'est qu'à l’âge de cinquante ans qu’il fait de la sculpture son métier à part entière.

Révélé en 1987 au Centre Culturel Français de Dakar, Ousmane Sow se fait connaître internationalement grâce à ses séries consacrées aux peuples africains (Nouba, Masaï Peulh, Zoulou) réalisées à partir de matériaux qu’il élabore lui-même. Son œuvre, profondément ancrée dans une vision humaniste et panafricaine, explore la dignité, la mémoire et l’universalité des luttes collectives. Parmi ses participations les plus marquantes,  on compte la Documenta de Cassel (1992), la Biennale de Venise (1995), l’exposition sur le pont des Arts à Paris (1999) qui sera un moment fondateur de sa reconnaissance internationale, ou encore plus récemment l’exposition Paris Noir au Centre Pompidou (2024). Sa série monumentale intitulée  Little Bighorn,  composée de 35 sculptures, est présentée à Dakar en 1999 en avant première de son exposition sur le pont des Arts à Paris,  puis en partie au Whitney Museum à New York (2003). En 2021 elle est installée pour dix ans au sein du village fortifié de Mont Dauphin dans une mise en scène spectaculaire au cœur du patrimoine français.

En parallèle à sa création d'œuvres originales,  Ousmane Sow réalise, dès 2000, à la prestigieuse Fonderie de Coubertin, des bronzes auxquels il apporte une signature personnelle à travers des patines parfois très colorées. Il réalise plus d'une centaine de bronzes, grands et petits, issus de sa série Petits Nouba. Certains grands bronzes sont installés dans des lieux publics notamment à Genève (Suisse), à Rabat (Maroc) devant le musée Mohamed VI, en France, notamment au cœur de Paris, place de Valois, et au musée du Nouveau Monde de la Rochelle: Toussaint Louverture (série Merci). Ce dernier, comme la  plupart de ces bronzes, fait partie de sa série de grands hommes, intitulée Merci. Une autre et plus ancienne effigie de Toussaint Louverture a été acquise par le Museum of African Art  (Smithsonian Institution)  à Washington aux Etats-Unis. 

En 2013 il devient le premier artiste noir membre de l’Académie des Beaux-Arts (Institut de France) et renforce ainsi sa stature internationale. Pour son intronisation, le couturier Azzedine Alaïa lui offre son costume , et Ousmane Sow sculpte le pommeau de son épée : Le saut dans le vide, en mémoire du jour où il décida d'abandonner son métier de kinésithérapeute pour se consacrer entièrement à la sculpture. En 2020, la ville de Paris lui rend à nouveau hommage avec une place Ousmane Sow dans le quinzième arrondissement.

Ousmane Sow s’éteint en 2016 et laisse un corpus exceptionnel, célébré par les institutions, historiens, chercheurs, commissaires et collectionneurs du monde entier.

Après son décès, en mai 2018, la Maison Ousmane Sow, son atelier-domicile à Dakar, conçu comme une œuvre à part entière et surnommée « Le Sphinx », ouvre ses portes au public à l’occasion de la Biennale de Dakar. Transformé en musée vivant, le lieu  a permis de préserver, transmettre et faire rayonner l’œuvre intemporelle de l’artiste en offrant aux visiteurs un accès direct à son univers à travers près d’une cinquantaine d’œuvres originales exposées ainsi que bon nombre d’archives personnelles.